REPONSE, SANS LANGUE DE BOIS, DE JUSTINE M’POYO KASA-VUBU A NOTRE POST « APOCALYPSE NOW » (15.09.2017)

  • Comme promis, je réponds à votre post du 15.09.2017 intitulé « Apocalypse Now ». Le tableau que vous peignez de notre pays est d’une noirceur absolue. S’il est vrai que notre pays est devenu un enfer sur terre – en particulier pour les femmes – j’entrevois néanmoins une lueur d’espoir en sachant que le chemin pour le sortir des ténèbres sera long et parsemé d’embûches. Il n’y aura pas de miracle ! Ci-après, mes réponses aux points que vous soulevez :

 

1. LA CONSTRUCTION D’UNE NOUVELLE PHASE DU BARRAGE D’INGA.

Je partage votre point de vue sur l’inutilité d’un tel projet qui ne tient pas compte des exigences des riverains qui n’ont guère été consultés comme ce fut déjà le cas lors de la construction de la première phase du barrage en 1972-1973. J’y vois plutôt une certaine folie des grandeurs de ses promoteurs. Je m’y oppose de toutes mes forces pour les deux raisons suivantes:
a) l’environnement sera irrémédiablement saccagé. Le chantier de l’écologie est à organiser dans tout le pays. Cependant, la bonne nouvelle est que ce projet a été suspendu en 2016 par une Banque Mondiale sceptique .
b) ce méga projet profitera exclusivement à l’Afrique du Sud (concurrent direct du Congo-Kinshasa grand consommateur d’électricité) et pas à la population congolaise dont le taux d’électrification n’est que de 11%, l’un des plus bas au monde.

 

2. SUR L’OPPORTUNITE DES ELECTIONS.

Je ne suis pas d’accord avec vous: pour moi il y a un préalable à l’organisation des élections car je suis convaincue qu’il y a un complot contre notre pays par le Ruanda interposé. Il suffit de voir le silence de la Communauté internationale sur le génocide congolais qui a causé quelques 8 millions de morts de 1997-98 jusqu’à ce jour. Après une si longue occupation et agression militaire des troupes ruando-ougandaises contre notre pays, les Congolais doivent impérativement redéfinir le cadre de l’indépendance nationale et organiser un dialogue avec les partenaires traditionnels dont « l’impuissance » devant ce génocide est un message qu’il faut décoder pour préserver l’avenir de nos enfants.

 

Quelles seront les garanties pour des élections démocratiques et transparentes qui permettront au pays de repartir sur des bases solides et assurer le développement durable de notre pays? Seul l’avenir nous le dira. Cela étant, il est vrai que les principaux candidats en lice sont en danger de mort et qu’ils devront obligatoirement être protégés par l’ONU.

 

Même si l’immaturité, l’incurie et l’absence totale de vision de la Classe Politique Congolaise ont conduit le pays vers le précipice, je fonde néanmoins des grandes espérances sur l’émergence d’une nouvelle classe politique consciente des enjeux régionaux et internationaux, issue du terroir et de la Diaspora Congolaise, pour autant que tous comprennent que nous ne ferons pas l’économie d’un leadership ! J’invite donc l’Opposition à se mobiliser comme un seul homme, une seule femme, bref, derrière un leader légitime, charismatique et visionnaire pour parler d’une seule voix.

 

3. VOTRE PROPOSITION DE METTRE LE PAYS SOUS TUTELLE.

J’y vois la fantaisie la plus totale. Je suis par contre partisane d’un partenariat sur une base « win-win » avec les pays développés qui comprennent et partagent nos valeurs et nos priorités absolues à savoir: l’éducation, l’économie & le pouvoir d’achat ainsi que la mise en place de nos institutions.
Vous soulevez le très grave problème de l’éducation. Un drame national qui handicapera longtemps le futur de notre pays. Tel que stipulé dans mon programme, je préconise une thérapie de choc pour l’éducation en commençant par l’école primaire par l’usage généralisé de la technologie digitale qui a déjà fait ses preuves dans le monde entier. L’enseignement de l’Histoire est également vital : son interprétation partisane et falsifiée telle que nous l’observons ces dernières années est génératrice de conflits stériles. L’implication des historiens congolais de premier plan permettra de mettre un terme à tous les malentendus et toutes les manipulations causées à dessein par les néo-colonialistes qui depuis toujours et particulièrement au cours des 30 dernières années, au gré d’intérêts partisans et souvent mercantiles, s’arrogeaient le droit unilatéral de décider qui est le bon candidat pour gouverner le Congo de qui ne l’est pas, au point de disqualifier unilatéralement le véritable Père de la Nation congolaise. Nous sommes-nous Congolais jamais posé la question sur la légitimité de Léopold 1er?

 

4. VOS CRITIQUES A L’EGARD D’HEINEKEN / BRALIMA ET DE CASTEL / BRACONGO.

Les rapports de plus en plus nombreux qui me parviennent font effectivement état de leur absence totale d’éthique, à travers leurs campagnes publicitaires sexistes, surtout envers les femmes congolaises. Comme si les drames vécus par elles, à l’Est ne suffisaient pas et qu’à l’Ouest il fallait les déshumaniser et les instrumentaliser à outrance ! Dès lors, je compte interpeller fermement les CEO’s de ces deux Multinationales Brassicoles sur cette question en leur rappelant que les femmes congolaises doivent être considérées de la même manière que les femmes néerlandaises et françaises : respectables !

 

5. Je partage votre crainte sur le fait que le Congo-Kinshasa ne devienne bientôt le terreau de tous les terrorismes les plus sanglants.

C’est effectivement un véritable miracle qu’aucun attentat contre les intérêts étrangers ne s’y soient produit ! Mais pour combien de temps encore ? En tout cas, cette menace perdurera tant que les problèmes de l’immense précarité des congolais et l’absence d’éducation seront absents de tout débat politique.

 

6. Il n’existe pas de solution viable à très court terme pour sortir notre pays de l’enfer.

Une période de transition sera nécessaire accompagnée d’une grande campagne d’explication aux congolais sur les enjeux afin d’apporter les remèdes que je préconise. Nous ferons preuve de pédagogie dans tous les domaines.

7. Le soulèvement populaire s’impose. Les circonstances obligent les Congolais à compter d’abord sur leurs propres forces.

Toutes les options sont ouvertes : votre proposition « Opération Bière Morte » est un idéal difficilement réalisable dans une société où depuis des décennies les politiciens ont failli dans leur tâche d’éduquer les valeurs du patriotisme à la masse et où la bière a toujours fait partie de la vie des Congolais, tout comme la messe ou les cultes du dimanche. Pourrait-on ajouter à votre proposition des opérations « messes mortes » pour répondre à l’échec de la CENCO par exemple ? Difficile n’est-ce pas dans un pays où la foi chrétienne est indissociable de la vie des gens ! Je ne suis PLUS partisane des opérations « Ville Morte », des actions en vogue sous le régime Mobutu durant la période de la Conférence Nationale Souveraine. Aujourd’hui pourtant quelques apprentis politiciens en mal d’imagination et sans programme ont cru sensé de proposer cette option dépassée et qui a définitivement vécu.

 

Quant à votre post intitulé « Tintin au Congo : le casse du siècle », il m’a interpellée. Je pourrai y revenir à une autre occasion.

 

Avec ma haute considération,

 

Justine M’Poyo Kasa-Vubu
(Présidente du Mouvement des Démocrates)

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